LIVE NIRVANA INTERVIEW ARCHIVE August 30, 1992 - Reading, UK
Personnel
- Interviewer(s)
- Sasha Stojanovic
- Interviewee(s)
- Kurt Cobain
Sources
Publisher | Title | Transcript |
---|---|---|
Hard Force | TBC | Yes (Français) |
Transcript
Cette interview a été initialement réalisée par notre correspondant britannique, en août 92. NIRVANA était alors dans le tourbillon planétaire de "Nevermind" et de son hit imparable "Smells Like Teen Spirit".
Quelles émotions ressentez-vous lors de vos concerts?
Kurt: Dix minutes avant le concert, nous jetons un oeil à la set-list, puis nous montons sur scène pour nous donner à fond. Rien de plus. Une heure et quart sur scène, quoique nous fassions, est une grande délivrance. C'est une façon de prendre nos distances, car le reste du temps, nous sommes toujours sollicités pour quelque chose, pour rencontrer du monde. Cette heure et quart, c'est notre propre temps, et personne de peut s'y immiscer. Cela dit, les émotions que nous ressentons sur scène dépendent de la façon dont nous nous sentons quelques minutes auparavant, dans les loges… Si je suis fatigué, ça me réveille; si je suis énervé, je me défoule sur ma guitare, j'éclate du matériel…
Pourquoi éclater ta guitare sur la batterie précisément?
Kurt: Parfois, c'est Dave qui prend la guitare et l'éclate dans sa batterie! C'est pour se marrer. Nous n'essayons pas d'être THE WHO, de jouer les mauvais garçons du rock. Ce sont les gens qui essaient de nous étiqueter. C'est juste drôle d'éclater un truc qui coûte 1200 dollars.
Les tournées, c'est un esprit particulier?
Kurt: Oui, et la partie la plus désagréable, c'est que tu perds le fil des jours de la semaine. Pour moi, chaque nuit lors d'une tournée ressemble à un vendredi. Jusqu'à ce que quelqu'un te dise qu'on est en fait dimanche, et là tu penses: "Bon Dieu!". Pareil pour les villes que tu traverses: au bout d'un moment, elles finissent par toutes se ressembler.
Avec le succès que vous avez rencontré, y a-t-il eu des pressions pour que vous vous installiez ailleurs qu'à Seattle?
Kurt: Pas vraiment. Cela ne dépend que de nous. Je n'ai vraiment pas envie de bouger. Seattle est une ville sympa. Los Angeles, par exemple, est un trou à rats. Je ne dis pas ça à cause du business, mais à cause du comportement des gens, des embouteillages et de la pollution. Le sud de la Californie, c'était peut-être le paradis il y a 150 ans, mais c'est une plaque de béton maintenant.
Les pièges de la célébrité sont difficile à éviter. Vous avez une quelconque idée de la façon de vous protéger?
Kurt: Nous sommes arrivés à un niveau que nous n'imaginions pas; alors, ce n'est pas un problème. Nous ne nous sommes jamais battus pour atteindre un quelconque but, et nous n'en avons toujours pas. Moins tu te fixes d'ojectifs, moins tu risques d'être déçu. Nous sommes contents de ce qui nous arrive, mais nous étions déjà vachement bien il y a 6 mois! C'est un grand changement sans en être un. Nous faisons la même chose qu'il y a un an, mais plus de gens nous connaissent.
Vous vous interrogez parfois sur ce qui a fait l'étincelle dans votre succès?
Kurt: Non, nous n'analysons pas. Nous nous contentons de jouer. Pourquoi devrait-on analyser quelque chose, quand des milliers de journalistes sont payés pour le faire? Nous vous laissons travailler!
Penses-tu que NIRVANA va faire le ménage dans le rock? Est-ce important à vos yeux ou est-ce une préoccupation propre aux médias?
Kurt: C'est déterminant pour nous. J'essayais récemment de me souvenir quel était le dernier groupe honnête de rock'n'roll qui m'ait marqué, et je ne pouvais pas en trouver un. Avec NIRVANA qui entre dans le top ten, cela ouvrira des portes à des groupes qui nous suivront. Peut-être que les gens réaliseront à quel point GUNS N' ROSES c'est de la merde. Juste un prétexte trouvé par un petit pervers sexiste et névrosé pour se faire de l'argent rapidement. Et la musique ce n'est pas ça. Si les gens veulent en écouter de la bonne, ce n'est pas en continuant d'acheter les albums de POISON qu'ils y arriveront, n'est-ce pas?
"Smells Like Teen Spirit" était-il suposé devenir un hymne?
Kurt: Non, pour nous, ce n'est qu'une chanson parmi d'autres. Nous avons fait tourner le riff, puis j'ai écrit les paroles. Les gens s'imaginent que nous avons écrit la chansons de le révolte adolescente en 1991! Si ça inspire, très bien. Nous en avons plus que marre de l'attitude américaine passive, mais ce n'est pas notre rôle de dire aux gens ce qu'ils doivent penser ou faire de leurs vies.
Certaines de vos chansons sont ambiguës…
Kurt: Peut-être, mais nous ne voulons pas les expliquer. Les paroles pourraient avoir une signification visible alors qu'elles n'en ont pas. Chris et Dave savent en général de quoi traitent les paroles, mais même eux ont leur interprétation. A l'auditeur de se faire une opinion. Nous ne sommes qu'un groupe punk. Comme trois kids faisant du bruit.
© Sasha Stojanovic, 1999